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Douze mois de l’amitié franco-suédoise : Août

Depuis toujours, les artistes voyagent pour chercher inspiration, nouveaux contacts et amitiés. Les échanges artistiques entre la Suède et la France sont justement le thème de l’Institut Tessin, fondé par Gunnar W Lundberg en 1933. À la création de l’Institut suédois en 1971, il fait don de sa collection d’art à l’État suédois afin qu’elle soit présentée de façon permanente chez nous. Puis, à partir de 1982, c'est le Nationalmuseum qui reprend la responsabilité de la conservation des œuvres. À l’occasion des 50 ans de l’Institut suédois, nos amis du Nationalmuseum nous font cadeau d’un texte par mois tout au long de l'année 2021, présentant à chaque fois une œuvre de l’exposition permanente.

Août – Jean-Baptiste Bernadotte est élu prince héritier de Suède par les États généraux d’Örebro, le 21 août 1810

« Personne n’a fourni une carrière semblable à la mienne. » C’est par ces mots que Charles XIV Jean résuma sa vie hors du commun. Sa capacité à saisir sa chance quand le destin lui sourit, combinée à une sensibilité politique aiguë firent de lui un survivant. Il survécut non seulement à Napoléon, mais également aux Bourbons, qu’il répugnait à voir monter sur le trône de France. L’ancien maréchal d’Empire pouvait donc à juste titre qualifier sa propre carrière d’incomparable.

On pense souvent à tort que Napoléon aurait joué un rôle déterminant dans la désignation de Jean-Baptiste Bernadotte comme prince héritier de la couronne suédoise le 21 août 1810 à Örebro. En réalité, l’empereur fut plutôt mis devant le fait accompli. Il en fut à la fois surpris et un peu mal à l’aise, car Bernadotte ne faisait pas partie de ses favoris. Le roi du Danemark lui paraissait un meilleur candidat au trône de Suède. Au moment de trancher, l’empereur resta plutôt passif. Il serait donc inexact d’avancer que la carrière de Charles XIV Jean résulterait de l’influence de Napoléon, le faiseur de rois. Des années plus tard, afin de minimiser la portée de l’élection de Bernadotte, l’ancien empereur estima un peu froidement que le maréchal ne devait son ascension qu’à son épouse Désirée, qui était la belle-sœur de Joseph Bonaparte, frère de Napoléon.

En réalité, il semblerait que le hasard ait joué un rôle important. La désignation du maréchal Bernadotte compte parmi les grands aléas de l’histoire, l’événement n’aurait pu se produire avant l’été 1810, de même qu’il aurait été impossible après. Difficile pour le maréchal français, alors sans activité, de résister à la tentation, mais quel rôle joua-t-il réellement ? Ce qui s’est produit il y a deux cents ans reste en partie nimbé de mystère. Il semble peu probable que cette affaire dépendît uniquement de l’initiative d’un lieutenant suédois de passage à Paris. Le Baron du Saint-Empire Carl Otto Mörner occupa plutôt un rôle d’exécutant, et Charles Jean lui-même ne lui montra que peu d´égards par la suite. Même les représentants officiels furent relégués au second plan ; ainsi en va-t-il d’Elof Signeul, consul de Suède à Paris originaire de Göteborg, et de son ami Jean-Antoine Fournier, ancien vice-consul de France à Göteborg.

Le portrait en buste de Johan Niclas Byström fut conçu à l’époque où Charles Jean était encore prince héritier, puis reproduit après son accession au trône en 1818. La physionomie caractéristique de Bernadotte, avec son grand nez et ses cheveux bouclés, fut élégamment représentée sous les traits d’un empereur romain.

Texte : Magnus Olausson/Nationalmuseum

L’œuvre du mois d’août :
Johan Niklas Byström (1783-1848)
Charles XIV Jean, roi de Suède et de Norvège
Marbre, h. 75 cm
Nationalmuseum, NMTiS 178