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Douze mois de l’amitié franco-suédoise : Février

Depuis toujours, les artistes voyagent pour chercher inspiration, nouveaux contacts et amitiés. Les échanges artistiques entre la Suède et la France sont justement le thème de l’Institut Tessin, fondé par Gunnar W Lundberg en 1933. À la création de l’Institut suédois en 1971, il fait don de sa collection d’art à l’État suédois afin qu’elle soit présentée de façon permanente chez nous. Puis, à partir de 1982, c'est le Nationalmuseum qui reprend la responsabilité de la conservation des œuvres. À l’occasion des 50 ans de l’Institut suédois, nos amis du Nationalmuseum nous font cadeau d’un texte par mois tout au long de l'année 2021, présentant à chaque fois une œuvre de l’exposition permanente.
Un portrait en pastel du roi Gustaf III par Gustaf Lundberg, 1778

Février 2021 – Gustave III arrive à Paris le 4 février 1771

 « Nous nous rendons en France pour les raisons les plus impérieuses [—] afin de poser les bases de la libération de l’État et le sauver de l’influence étrangère et des discordes internes qui le déchirent. » Lorsque le futur Gustave III écrivit ces mots à son ami et compagnon de voyage Carl Fredrik Scheffer, il révélait le fond de sa pensée avant son départ en France. Il ne s’agissait pas d’un voyage touristique ordinaire, mais de l’occasion d’établir des contacts politiques et de trouver un soutien français en vue d’un changement de régime en Suède.

Le séjour à Paris dura un peu moins de deux mois, du 4 février au 24 mars 1771. Trois jours après son arrivée, Gustave écrivit ces mots enthousiastes à sa sœur Sofia Albertina : « Enfin, je suis à Paris, cette ville que j’avais hâte de découvrir et qui occupe tant nos pensées dans notre pays.»

Le programme était dense et comprenait aussi bien le tour des différents monuments de la ville que des visites chez des artistes et des écrivains. Marmontel, d’Alembert, Helvétius et enfin, le plus original d’entre eux, Jean Jacques Rousseau. Le prince héritier suédois le rencontra dans son logement de la rue Plâtrière. Dalberg, le médecin personnel de Gustav, qui était présent, décrivit Rousseau ainsi : « Il est intense et empressé, même lorsqu’il parle, mais il parle bien. »

Un groupe de personnes que Gustave rencontra au cours de son séjour et pour lequel il éprouva un vif intérêt était celui des femmes intellectuelles de la haute noblesse, notamment Madame du Deffand, les comtesses d’Egmont et de Boufflers. Dans ce milieu, le prince héritier suédois se sentait comme un poisson dans l’eau. Les fondements d’amitiés durables se créèrent, en particulier avec la comtesse de Boufflers. Le portrait de Gustave III qu’elle reçut sept ans plus tard en est une belle preuve.

Le 1er mars 1771, lors d’une représentation de Pyrame et Thisbé à l’opéra, le prince héritier Gustave reçut dans la loge de la comtesse d’Egmont l’annonce du décès de son père, le roi Adolf Frederick, mort d’une attaque d’apoplexie le 12 février. Gustave devenait maintenant le nouveau roi de Suède. L’avis de décès signifiait également que sa visite devait être écourtée. Une agitation fébrile se mit en place. Sa rencontre avec Louis XV fut d’une importance capitale. Gustave gagna immédiatement l’amitié et le soutien du roi français pour son projet de changement du système politique suédois. Le soutien actif de la France fut la condition préalable à la nouvelle constitution en Suède en août 1772.

L’œuvre du mois de février :
Gustaf Lundberg (1695-1786)
Gustave III, 1778
Pastel, 75×56 cm
Nationalmuseum / le Musée national, NMTiP 322

Texte : Magnus Olausson/Nationalmuseum
Traduction : Marianne Ségol-Samoy