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Douze mois de l’amitié franco-suédoise : Octobre

Depuis toujours, les artistes voyagent pour chercher inspiration, nouveaux contacts et amitiés. Les échanges artistiques entre la Suède et la France sont justement le thème de l’Institut Tessin, fondé par Gunnar W Lundberg en 1933. À la création de l’Institut suédois en 1971, il fait don de sa collection d’art à l’État suédois afin qu’elle soit présentée de façon permanente chez nous. Puis, à partir de 1982, c'est le Nationalmuseum qui reprend la responsabilité de la conservation des œuvres. À l’occasion des 50 ans de l’Institut suédois, nos amis du Nationalmuseum nous font cadeau d’un texte par mois tout au long de l'année 2021, présentant à chaque fois une œuvre de l’exposition permanente.
Portrait de Descartes en habit noir sur fonds noir, posant assis, main gauche sur le genou gauche et main droite sur la poitrine.

Octobre – René Descartes arrive à Stockholm le 4 octobre 1649

« Je n’ai eu l’honneur de rencontrer la reine qu’en deux occasions, mais je crois la connaître assez bien déjà pour oser dire que ses mérites et sa vertu ne sont pas moindres que le prétendent les bruits. » Le philosophe français René Descartes nous livre ici sa première impression de la reine Christine de Suède, quatre ou cinq jours après son arrivée à Stockholm au début du mois d’octobre 1649. Il continuera par la suite à lui faire des louanges. « Sa grande soif de connaissances dans le domaine de la littérature la pousse aujourd’hui surtout à étudier la langue grecque et à collectionner quantité de livres anciens. »

De toute évidence, Descartes ne souhaitait pas devenir un obséquieux courtisan, il entendait simplement livrer ses opinions sincères à la reine Christine. Il avait également obtenu d’elle la liberté de ne fréquenter la cour que lorsque cette dernière l’y appelait. Il était convenu que Descartes enseigne la philosophie à la reine et qu’il se présente chez elle dès cinq heures du matin. Il est fort peu probable que cet horaire convînt à Descartes, mais c’était le seul moment où le devoir de la Nation n’appelait pas Christine de Suède. À en croire la description du célèbre philosophe, la souveraine n’était pas une fervente lectrice, préférant l’acquisition des connaissances par le dialogue.

Quand Descartes arriva à Stockholm à l’automne 1649, il semble qu’il n’avait l’intention d’y séjourner que jusqu’à l’été suivant. Mais Christine de Suède avait vraisemblablement d’autres projets pour lui. Elle souhaitait qu’il reste, l’appâta en lui promettant de l’anoblir et associa le philosophe à son projet d’académie. Bien que réticent dans un premier temps, Descartes finit par céder et épousa son rôle de courtisan en composant les vers d’un ballet intitulé La Naissance de la Paix. Ce dernier fut présenté lors de la célébration des traités de Westphalie. Descartes eut également l’occasion d’écrire l’ébauche d’une comédie, ou d’un jeu allégorique.

Le 1er février 1650, Descartes rencontra la reine pour lui présenter l’avancement des statuts de la future académie. Cette entrevue sera leur dernière. Peu de temps après, il fut contaminé par l’épidémie de grippe qui sévissait alors à Stockholm. Il mourut le 11 février au matin, des suites d’une pneumonie. La mort du philosophe fut brutale et inattendue. Christine de Suède, la Minerve du Nord, souhaitait que le philosophe ait droit à des funérailles en grande pompe à l’église de Riddarholmen ; on l’enterra finalement au lendemain de sa mort, en toute simplicité, au cimetière de l’église Adolf Fredrik.

Ce portrait de Descartes est une copie d’après la représentation du philosophe par David Beck, exécutée à la demande de la reine.

Texte : Magnus Olausson/Nationalmuseum

L’œuvre du mois d’octobre :
Anonyme, d’après David Beck (1621-1656)
René Descartes, philosophe
Huile sur toile, 83,5 x 66cm
Nationalmuseum, NMTiP 300