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Exposition : Tarik Kiswanson. The Relief

À travers des sculptures et des vidéos , Tarik Kiswanson explore les notions de mémoire, de traumatisme et de régénération. Comment les passages sombres de notre histoire collective informent-ils notre présent ? Que nous apprennent-ils de la condition humaine ? Comment fait-on face au traumatisme, et comment peut-on se reconstruire ? Ces questions sont au cœur de la pratique de Tarik Kiswanson et de son exposition "The Relief" à l’Institut suédois, dans laquelle la plupart des œuvres sont inédites et toutes présentées pour la première fois en France.
Photo d'un piano perché en équilibre sur ce qui ressemble à un oeuf oblong, au milieu d'une salle vide.

Tarik Kiswanson est l’un des artistes les plus acclamés de sa génération sur la scène internationale. Sa pratique multidimensionnelle se décline en installations sculpturales composées d’objets trouvés et façonnés, de vidéos et de créations sonores. Dans ses expositions, il brouille les frontières entre l’architecture du lieu et l’œuvre elle-même, déstabilisant ainsi notre perception de l’espace. Les œuvres de Kiswanson mettent en scène des états transitoires – par l’entrelacement de formes, de matériaux et d’expressions et leur ancrage dans un lieu précis, il crée des espaces transformateurs.

Au cœur de l’exposition se trouve le Steinway Victory Vertical (1944), un piano droit conçu par Steinway & Sons à New York pour soulager psychologiquement les soldats pendant la Seconde Guerre Mondiale. Parachuté à travers l’Europe puis porté par les soldats à travers les frontières, le piano incarne la conviction que la création peut, elle aussi, sauver l’être humain. Dans l’exposition, le piano flotte au-dessus d’une sculpture oblongue blanche évoquant un cocon ou un œuf, motif devenu emblématique dans l’œuvre de Kiswanson. Le piano s’élève au-delà de son contexte historique et devient symbole du réconfort et de la guérison. Le cocon, quant à lui, devient porteur d’une mémoire collective tout en représentant la résilience et l’ouverture vers de nouveaux possibles.

Dans une vidéo placée au sol, des élèves du Conservatoire de Saint-Denis tentent de jouer L’Ode à la joie, devenue en 1986 l’hymne officiel de l’Union européenne. Il s’agit de la dernière et plus célèbre symphonie de Beethoven, initialement interprétée avec un poème de Schiller célébrant l’unité humaine, l’amitié et la paix.

Leurs gestes hésitants, leurs silences et leurs reprises deviennent une métaphore puissante : qui est l’Europe ? Qui s’y reconnaît et qui en a le droit ? Qui fait l’avenir européen ?

Les œuvres intitulées Foresight consistent en des assemblages de mobiliers qui croisent des récits distincts. La Reading Chair de l’architecte danois Finn Juhl fusionne avec une chaise du fabricant brésilien Móveis Cimo, autrefois utilisée dans les salles d’attente des bureaux de l’immigration au Brésil. Les deux chaises ont été fabriquées en 1953 en palissandre de Rio, mais dans des lieux et des contextes radicalement différents. Dans le travail de Kiswanson, ces deux pôles géographiques convergent, permettant à leurs histoires spécifiques d’être liées simultanément sur les plans intime et collectif.

Ailleurs dans l’exposition, une chaise de 1945 réalisée par George Nakashima – architecte interné dans des camps de détention dans le désert de l’Idaho pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de ses origines japonaises – s’entrecroise avec une chaise de la même année conçue par Adolf Gustav Schneck, architecte allemand affilié au parti nazi. Ces sculptures nous parlent des parallélismes et paradoxes, de la collision entre le silence et la violence, et des ruptures historiques se réverbérant à travers le monde.

Tarik Kiswanson s’engage dans une archéologie matérielle de la mémoire, restituant et traduisant le langage des objets comme moyen d’aborder ce qui s’est passé, y compris l’indicible. Il ne cherche pas à réconcilier les contradictions de notre histoire, mais à les rendre visibles. Nous sommes uni·es par la condition humaine, marquée par la perte, la migration, l’exil et la reconstruction. Les œuvres de Kiswanson ne représentent pas simplement le traumatisme : elles en proposent une traversée. De cette manière, son art fonctionne comme un espace de transformation — où le souvenir devient un processus actif et où l’art peut être vu comme un outil de compréhension, de résistance et de guérison.

Commissaire : Sara Arrhenius

Programme associé

A l’occasion de cette exposition, l’Institut suédois programme plusieurs événements en écho aux thématiques abordées : lectures de poésie, projection de film ainsi qu’une rencontre avec l’artiste.

Informations pratiques

Entrée libre sans réservation.