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Anna Nilsdotter Karlson

Comme chaque artiste de l’exposition Ecole(s) suédoise(s) de Paris, Anna Nilsdotter Karlson a accepté de répondre à nos questions.
© Anna Nilsdotter Karlson. Le format de l’image a été modifié.

Date de naissance : 16.05.1966
Lieu de naissance : Linköping, Suède
Lieu de résidence : Paris, France et Stockholm, Suède

Où avez-vous été formée ?

Je me sens plutôt « autodidacte » car j’ai toujours dessiné, tout le temps, depuis l’enfance. Adulte, à l’âge de 35 ans, j’ai étudié pendant 2 ans l’illustration aux Arts Décos (ENSAD) à Paris. C’était fantastique de pouvoir dessiner à plein temps, d’avoir accès aux locaux, au matériel, aux enseignants et surtout d’être entourée par des amis créatifs avec des esprits ouverts. Ce qui est bien avec le dessin, c’est qu’on peut toujours progresser, trouver des nouveaux chemins et de nouvelles expressions. Ce n’est pas fixé comme un langage verbal, c’est plus universel.

Quand et pour quelles raisons vous êtes-vous installée en France ?

Je suis venue en vacances avec une amie quand j’avais 17 ans. On a pris le train et on est arrivé à la Gare du Nord, tôt le matin. Je me suis tout de suite sentie plus libre à Paris qu’en Suède et j’ai rêvé de m’y installer dès ce jour-là.
Puis, après mes études, j’ai eu plus de contacts avec la presse et l’édition et c’est eux qui m’ont donnée du travail dans le domaine de l’illustration.

Que représente la France pour vous ?

Difficile de répondre. C’est un pays sensuel où on peut être très heureuse, où on peut goûter plein de belles choses, la nourriture et la culture, tous les musées, le cinéma. Mais c’est aussi un pays où on peut être très malheureuse, la frontière entre les deux sentiments peut être très fine.

Et la Suède ?

Mes plus beaux souvenirs d’enfance, la poésie et la nature.

Quelles sont vos sources d’inspiration et d’où proviennent-elles ?

Je m’inspire de certains livres que j’ai lus, des ambiances et des personnages qui m’intriguent. Je suis aussi très inspirée par le cinéma, surtout des vieux films en noir et blanc, mais aussi par David Lynch, le côté rêve.
Pour mon essai de bande dessinée, je me suis inspirée de deux icônes et amies du photographe suédois Christer Strömholm. Il documentait la vie et vivait avec des jeunes transsexuelles qu’il avait rencontrées sur la Place Blanche à Paris dans les années 1950.
J’ai eu la chance de les connaître 50 ans plus tard quand j’ai participé au travail de réédition du livre Les amies de Place Blanche de Christer Strömholm (2011). Elles y participaient avec leurs propres histoires prises en notes par la journaliste Hélène Hazera. Elles étaient tellement touchantes, fortes, malgré la vie injuste et toutes les difficultés qu’elles ont rencontrées sur leur chemin pour devenir elles-mêmes.
Elles étaient très cinéphiles toutes les deux. Cela m’inspirait aussi, la vie dure et injuste de la rue et cette sensibilité vers l’écran, la vie rêvée. Elles me racontaient comment c’était de vivre comme jeune transsexuelle dans les années 1950.
Les images représentant Jacky et Nana disent plus que ne peuvent les mots. C’était important de connaître l’injustice dont elles ont été victimes, la traque de la société, combinées avec leurs souvenirs sur la vie parisienne et la culture, les salles de cinéma, des détails sur leurs vêtements et coiffures.

Comment vous définiriez-vous et/ou comment définiriez-vous votre travail ?

Difficile, mais une fois, j’ai lu un commentaire sur mes dessins disant que « c’est doux et violent en même temps ». Cela m’a plu.Puis quelques mots sur mes illustrations pour un livre de jeunesse de la bibliothèque Hergé en Belgique : « Les personnages semblent issus d’un cirque, du théâtre de rue ou de toiles d’Otto Dix. L’expressivité du trait et les perspectives aplaties font idéalement écho à la douce folie des contes ».