Anna Senno

Anna Senno rencontre le public vendredi 13 juillet 2018 de 14h à 19h30 // Comme chaque artiste de l’exposition Ecole(s) suédoise(s) de Paris, elle a accepté de répondre à nos questions.
© Anna Senno. Le format de l’image a été modifié.

Date de naissance : 04.04.1983
Lieu de naissance : Malmö, Suède
Lieu de résidence : Paris, France

Où avez-vous été formée ?

Un jour je me suis mise à peindre. Ça s’est produit. Depuis, l’univers trouve lentement ses formes, ses textures et ses couleurs en moi. Mon regard, ma main, mon corps et mes pensées me forment, où que je sois, qui que je sois ce jour-là.

Quand et pour quelles raisons vous êtes-vous installée en France ?

Je suis venue à Paris en 2009. J’ai le plus grand amour ici ; un amour que je n’aurais jamais imaginé possible pour moi. Sa sororité m’a élevée avec amour, respect, humour et intelligence. Sa sororité m’a donné une famille et une mère.

Que représente la France pour vous ?

Le nom d’un pays a tant de facettes, de connotations, et de contresens générationnels. La France m’a donnée le français, une langue qui m’a libérée à un certain moment de ma vie. La France m’a appris à manger avec amour. Mais la France est une case, comme n’importe quel autre pays – une compréhension creuse et superficielle de l’espace dans lequel nous vivons.

Et la Suède ?

Je ne suis pas venue en Suède. Nous étions toutes les deux là depuis le début. Et je voulais partir. Alors que je regardais l’horizon, j’imaginais que la réalité se trouvait de l’autre côté. Lumières, odeurs, couleurs – du pays je ne connais que le Sud. Mon désir de partir revient à chaque fois. Ça n’a rien à voir avec la Suède mais avec mes souvenirs. J’ai encore beaucoup à pardonner. Et à accepter.

Quelles sont vos sources d’inspiration et d’où proviennent-elles ?

Ma définition personnelle de l’art est que l’Art, c’est l’émotion sans instruction. L’inspiration se trouve entremêlée dans ma relation personnelle avec le travail que je fais. Ce n’est pas universel. La relation que développe quelqu’un d’autre avec mon travail est aussi réelle et significative que la mienne. Cela inclut les imaginaires, les connotations et présuppositions d’où l’inspiration pourrait venir. Chaque peinture est une relation, une émotion. Peut-être que si les mots pouvaient tout expliquer, la peinture n’aurait pas lieu d’être, en tout cas pas dans mon cas.

Comment vous définiriez-vous et/ou comment définiriez-vous votre travail ?

Je suis plurielle (et vous aussi). Si la langue était assez large et précise pour définir la multiplicité de qui nous sommes, je pense que beaucoup d’entre nous se sentiraient mieux. Peut-être que c’est notre inclination pour les systèmes qui nous fait croire que nous pouvons tout comprendre, dans des formulations fixes. Je pense que chaque définition est éphémère et nécessite une réévaluation. Aujourd’hui, j’utiliserais la définition d’Olga, une autre sœur : je suis une femme qui découvre son univers.
Et j’ajouterais que je ne pense pas qu’il y ait une séparation entre qui je suis et mon travail ni entre mon travail et moi. Mon travail nous place mes émotions et moi au centre de cet univers, c’est quelque chose qui, je pense,  se rapproche assez de la liberté.