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« De l’amour et des vieux gréements » de Karin Gafvelin présenté par Sophie JOUFFREAU

Née en 1986, Karin Gafvelin est une illustratrice basée à Stockholm, spécialisée dans l’univers maritime. Après une dizaine d’années passées à travailler au large à bord de grands navires, et une certaine expérience dans la construction traditionnelle de bateaux, Karin Gafvelin est à même de produire un travail d’illustration aussi précis qu’expressif.

Auteur : Karin Gafvelin
Titre suédois : Djupet
Nombre de pages : 249
Années de publication : 2017
Editeur : Syster förlag 
Presenté par : Sophie Jouffreau, jouffreau.sophie@gmail.com

Quatrième de couverture. Tout juste débarquée dans l’univers de la construction navale, la jeune Karine rejoint l’équipage du voilier américain Windrose, avec l’horizon pour seul objectif. Sur une île des Caraïbes, elle fait la rencontre de James, un rêveur au tempérament idéaliste, sans savoir que sa vie va prendre un cap tout à fait inattendu. Djupet est une un récit épique et méticuleux où il est question de grands navires, d’âmes sœurs, de dur labeur, d’océans, d’amour et de taxonomie marine.

Tout au long des deux ans de vie que couvre la narration, Karin Gafvelin a tenu un journal de bord dessiné qu’elle a d’abord rédigé en anglais – sa langue de travail au large de l’Atlantique. Avec l’aide précieuse de son éditrice Sofia Olsson, elle a remanié, étoffé et traduit ce premier album autobiographique dans sa langue maternelle.

Ce premier album est remarquable par sa densité, la précision de son dessin et de son écriture, la grande variété des thèmes abordés et le regard unique porté par l’auteure sur ses propres aventures – car il s’agit véritablement d’aventures, au sens noble du terme. L’auteure nous offre une immersion complète à bord des grands navires où elle est successivement embarquée. D’un chantier naval à un autre, Karin mène une vie de bohème ambulante le long de la côte Est des Etats-Unis. Avec d’autres enthousiastes mal payés, elle travaille à bord de grands voiliers « traditionnels » qui transportent les touristes dans les Caraïbes. Partageant une existence mouvementée, un quotidien éreintant et des soirées alcoolisées sur la terre ferme, des liens forts se créent entre les membres de l’équipage, ce qui n’empêche pas Karin d’être tiraillée entre le désir de voir du pays et de s’assurer un avenir plus stable. Un beau jour à Sainte Croix, elle rencontre James, qui, comme elle, n’aime rien tant que de dessiner des baleines et des calmars géants. Comme elle, James est un doux rêveur. Mais qui se ressemble ne s’assemble pas toujours.

Djupet est bien plus qu’une histoire d’amour en noir et blanc, dessinée sur des cartes à gratter : c’est un roman d’apprentissage, le récit intime et sans prétention d’une jeune femme sur la voie de la maturité qui, confrontée à la solitude, nous livre ses réflexions : sur le solipsisme, sur le choix d’une vie autre, sur la dynamique de groupe dans des espaces confinés… mais aussi sur le trouble bipolaire et sur la manière dont celui-ci affecte l’entourage de la personne atteinte.

L’auteure n’a pas peur d’utiliser les termes, parfois techniques, du parler marin. Pourtant, même le plus néophyte des lecteurs se trouve embarqué dès les premières pages, tant l’histoire est prenante. On reconnaît là le vrai talent de l’artiste : rendre fascinant un monde dont le lecteur ou la lectrice ignorait tout jusqu’alors. Le style graphique, par ailleurs, est particulièrement approprié au sujet : le noir et le blanc font ressortir les nœuds, les jeux de cordage, les rainures du bois sur les coques des bateaux ; les ombres, faites de traits parallèles, évoquent d’anciennes gravures sur bois. Karin Gafvelin donne envie de prendre le large, tout simplement.