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Douze mois de l’amitié franco-suédoise : Décembre

Depuis toujours, les artistes voyagent pour chercher inspiration, nouveaux contacts et amitiés. Les échanges artistiques entre la Suède et la France sont justement le thème de l’Institut Tessin, fondé par Gunnar W Lundberg en 1933. À la création de l’Institut suédois en 1971, il fait don de sa collection d’art à l’État suédois afin qu’elle soit présentée de façon permanente chez nous. Puis, à partir de 1982, c'est le Nationalmuseum qui reprend la responsabilité de la conservation des œuvres. À l’occasion des 50 ans de l’Institut suédois, nos amis du Nationalmuseum nous font cadeau d’un texte par mois tout au long de l'année 2021, présentant à chaque fois une œuvre de l’exposition permanente.
Peinture de Julia Beck représentant Georg Arsenius assis dans son atelier et caressant un chien, avec derrière lui une peinture sur un chevalet.

Décembre – Julia Beck, née à Stockholm le 20 décembre 1853

« Après avoir bu notre café et quelque peu ordonné la maison, nous nous rendons à l’atelier. Nous y travaillons jusqu’à l’heure du déjeuner, puis mangeons dans un restaurant fréquenté essentiellement par des cochers, mais où l’on nous sert de la soupe et une pièce de viande plus savoureuse que toutes celles que nous ayons goûtées ici, à Paris. Nous peignons ensuite jusqu’à ce que monsieur Stevens vienne voir notre travail, à dix-sept heures. Après quoi nous reprenons place sur le toit de notre tramway et arrivons à la maison à temps pour le dîner. » Karin Bergöö, future femme de Carl Larsson, décrit ici une journée de labeur en compagnie de Julia Beck durant l’automne 1882. À cette époque, elles avaient toutes deux commencé à étudier chez Alfred Stevens, peintre belge en vogue qui possédait un atelier sur l’avenue Frochot, à Montmartre, et dont les élèves étaient principalement des femmes. C’est pendant cette période que Julia Beck peignit ce portrait de Georg Arsenius. Sur le chevalet posé derrière le modèle, on aperçoit une représentation d’un omnibus, un tramway tiré par des chevaux similaire à celui que les deux artistes empruntaient quotidiennement pour se rendre à l’atelier de Stevens.

Fille d’un maître relieur, Julia Beck naît à Stockholm quelques jours avant Noël 1853. Formée à l’Académie des beaux-arts de Stockholm dès l’âge de vingt ans, elle mit le cap sur Paris en 1881. À l’instar de nombreux Suédois, Julia Beck étudia d’abord à l’Académie Julian, avec les artistes Léon Bonnat et Jean-Léon Gérôme. Elle se lassa bientôt de leurs couleurs sombres et fit la découverte du brillant coloriste Alfred Stevens, qui devint son professeur un an plus tard. La colonie d’artistes internationale de Grez-sur-Loing joua également un rôle prépondérant dans l’apprentissage pictural de la Suédoise, qui y effectua plusieurs séjours entre 1882 et 1885. Julia Beck évolua vers un style plus radical, adoptant une technique impressionniste caractérisée par une palette douce et imprégnée d’atmosphères. Ce nouvel idéal artistique encouragea également son engagement actif en faveur du mouvement des Opposants (Opponentrörelsen) et son adhésion à l’Union des artistes suédois (Konstnärsförbundet).

Implantée très tôt en France pour y exercer son art, Julia Beck vécut à Vaucresson de 1889 jusqu’à sa mort. Cette même année, elle participa à l’Exposition universelle et exposait régulièrement au Salon de l’Union des femmes peintres et sculpteurs de Paris. Les paysages fluviaux devinrent sa signature. Romantiques, semblables à des ébauches, ses tableaux se caractérisent par la hauteur de leur ligne d’horizon et leur format vertical à la japonaise. Gagnant peu à peu l’estime de son pays d’adoption, Julia Beck fut nommée chevalier de la Légion d’Honneur en 1934, un an avant sa mort.

Texte : Magnus Olausson/Nationalmuseum

L’œuvre du mois de décembre :
Julia Beck (1853-1935)
Georg Arsenius
Huile sur bois d’acajou, 87 x 27,5cm
Nationalmuseum, NMTiP 9