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Douze mois de l’amitié franco-suédoise : Janvier

Depuis toujours, les artistes voyagent pour chercher inspiration, nouveaux contacts et amitiés. Les échanges artistiques entre la Suède et la France sont justement le thème de l’Institut Tessin, fondé par Gunnar W Lundberg en 1933. À la création de l’Institut suédois en 1971, il fait don de sa collection d’art à l’État suédois afin qu’elle soit présentée de façon permanente chez nous. Puis, à partir de 1982, c'est le Nationalmuseum qui reprend la responsabilité de la conservation des œuvres. À l’occasion des 50 ans de l’Institut suédois, nos amis du Nationalmuseum nous font cadeau d’un texte par mois tout au long de l'année 2021, présentant à chaque fois une œuvre de l’exposition permanente.
gravure : un homme assis au bord d'une fenêtre

Janvier 2021 – Maupertuis célèbre le jour de l’an à Torneå 1737

 

 » Le mardi 1er Janvier, il faisait beau, mais très froid. Le thermomètre indiquait 20 degrés en dessous de zéro. Le soir-même, la température était tombée à moins 31 et notre bonne bouteille de cognac français avait aussitôt gelé ». Ces observations ont été faites par le Français Regnaud Outhier à Torneå le jour de l’An 1737. Il avait participé à la célèbre expédition de mesure d’un degré de méridien en Laponie où il était accompagné entre autres du mathématicien Pierre-Louis Moreau de Maupertuis et de l’astronome suédois Anders Celsius.

L’objectif était de réaliser des mesures et de comparer les distances sur la surface de la terre à différentes latitudes afin de mettre en évidence la thèse de Newton selon laquelle la terre est aplatie aux pôles. L’expédition de Maupertuis fut financée par la Couronne française, qui avait envoyé une expédition similaire en Equateur dans la zone de la République d’Equateur actuelle, pour vérifier la forme réelle de la terre. Lorsque les résultats de l’expédition indiquèrent que Newton avait raison, cela fut considéré comme une victoire pour les Lumières.

Durant l’hiver 1736-37, les Français eurent comme camp de base la petite ville commerçante de Torneå. Ils fréquentaient les salons qui se tenaient chez le maire et suscitèrent l’admiration de ses filles, Christina et Elisabeth, au point qu’elles se rendirent plus tard à Paris où elles se convertirent au catholicisme. Quant aux scientifiques étrangers, ils trouvèrent certainement la vie très exotique et rêvaient d’excursions sur le marché de Jukkasjärvi. Maupertuis fut approché par un groupe de pêcheurs locaux qui voulait se rendre en France pour enseigner la pêche du saumon. Les Français furent étonnés par la réaction des habitants de Torneå qui prenaient les instruments astronomiques de mesure pour des objets de culte religieux.

Sur la gravure de Jean Daullé, réalisé d’après le portrait de Maupertuis fait par Robert Levrac Tournière, on peut voir l’équipement du célèbre scientifique que celui-ci portait lors de son expédition en Tornédalie. Maupertuis « aplatit » ici le globe terrestre d’une main. L’expédition de mesure d’un degré de méridien contribua sans conteste à accroître la fascination des Français pour la lointaine et exotique Laponie. Bien que la courbure de la terre soit le sujet principal, on entrevoit les Sames dans la description d’Outhier, Journal d’un voyage au Nord (1744). À cette époque-là, l’engouement en France pour les habitants du Nord était immense pour plus tard dans le siècle, prendre une teinte plus négative. »

Texte : Magnus Olausson/Nationalmuseum
Traduction : Marianne Ségol