Novembre – Gunnar W. Lundberg fonde l’Institut Tessin le 3 novembre 1933
« Il est essentiel pour les relations artistiques et culturelles qui unissent la France et la Suède depuis des siècles, que les chercheurs du monde entier puissent avoir accès aux collections à Paris – cette ville qui est, et demeurera sans doute, la capitale des arts. » C’est suivant ce principe auquel il restera fidèle, que l’historien de l’art Gunnar W Lundberg (1903-1986) fonda l’Institut Tessin à Paris en 1933. Abritées à l’origine dans les locaux de l’ambassade de Suède au 58, avenue Marceau, les collections furent peu à peu déplacées au 6, rue de Tournon. Grâce à de bonnes relations parmi l’élite culturelle suédoise et à une remarquable force de persuasion, Lundberg parvint en 1965 à convaincre le ministre des Finances de l’époque, Gunnar Sträng, de la nécessité d’acquérir l’Hôtel de Marle pour servir d’écrin aux collections en pleine expansion de l’Institut Tessin. Le bâtiment, situé dans le quartier du Marais, se trouvait alors dans un état avancé de délabrement. Le projet de Lundberg se concrétisa, mais son souhait de diriger toutes les activités de cette nouvelle institution ne se réalisa jamais après l’emménagement au 11, rue Payenne.
À l’instar des grands connaisseurs de l’histoire de l’art de sa génération, les travaux de recherche de Lundberg allaient de pair avec son activité de collectionneur. Son intarissable curiosité lui permit de dénicher et d’acquérir des œuvres signées pour l’essentiel par de grands artistes franco-suédois du XVIIIème siècle. N’ayant bénéficié pendant longtemps d’aucune subvention publique pour l’achat de ses œuvres, il parvint à recueillir des dons afin d’en acquérir un certain nombre, qui comptent parmi les plus fameuses. Bien que le XVIIIème siècle occupât une place de choix dans son cœur, Lundberg s’enthousiasmait tout autant pour l’art de son époque, qui constitue une part non négligeable de la collection. L’Institut Tessin compte aujourd’hui plus de 6 000 œuvres, dont une partie est visible à l’Institut suédois de Paris et régie par le Nationalmuseum de Stockholm.
L’intérêt de Lundberg pour l’art et les liens franco-suédois n’allait pas uniquement se concrétiser par la création de l’Institut Tessin, mais également par une conséquente bibliographie. Il avait commencé son cursus académique en histoire de l’art et de la littérature à Uppsala, pour ensuite le poursuivre à la Sorbonne et à l’École du Louvre en 1928. À cette époque, Lundberg avait déjà commencé à s’intéresser au destin artistique d’Alexander Roslin ; une personnalité à laquelle il pouvait aisément s’identifier eu égard à son rôle de promoteur de la culture suédoise à Paris. Ses années de recherches aboutirent en 1957 à la publication d’Alexander Roslin. Liv och Verk (« La vie et l’œuvre d’Alexander Roslin »), qui reste l’ouvrage de référence sur le grand portraitiste franco-suédois. Lundberg publia également un certain nombre d’articles et d’essais sur d’autres artistes suédois établis sur le sol français, comme Boit, Klingstedt ou Wertmüller. Grâce à l’Institut Tessin, Gunnar W Lundberg permit au grand public de découvrir de nombreuses œuvres réalisées par ces artistes.
Texte : Magnus Olausson/Nationalmuseum
L’œuvre du mois de novembre :
Gunnar Nilsson (1904-1995)
Gunnar W Lundberg, historien de l’art
Bronze, h. cm
Nationalmuseum, NMTiS 269