Au Moyen Age, le terrain appartient au prieuré de Sainte-Catherine et sert d’exploitation maraîchère.
1558 La rue Payenne tire son nom du notaire Guillaume Payen, premier bénéficiaire du lotissement des jardins du prieuré qui, en1558, vend à Marie Marcel le terrain « planté en arbres fruitiers et taillés de verjus ». Celle-ci le cède en 1560 à René de Saincthon, prieur de Buc, qui y construit une maison.
1572 Louis de Saincthon, frère de René de Saincthon et gentilhomme au service de Catherine de Médicis, vend la demeure à Christophe Hector de Marle, moyennant 261 livres de rentes. Le nouveau propriétaire, conseiller au Parlement de Paris, y vit plus de trente ans. Les lieux conserveront son nom. De son époque date probablement l’essentiel des bâtiments actuels. Un grand corps de logis disposé nord-sud s’allonge entre cour et jardin, ouvrant au 11 rue Payenne et 10 rue Elzévir. Il s’agrémente, sur le jardin, de deux petits pavillons sur arcades et, sur cour, de deux ailes. Le grand corps et les deux pavillons sont couverts d’une charpente carénée à l’impériale, dite « à la Philibert Delorme », caractéristique de la deuxième moitié du XVIe siècle. Le rez-de-chaussée des pavillons est éclairé par deux arcades reposant sur des allèges où sont sculptés de faux balustres. Leur décoration intérieure, dont subsistent certains éléments , semble avoir été reprise durant la première moitié du XVIIe siècle. C’est aussi de cette période de travaux que datent les peintures présentes sur les poutres et les solives à l’intérieur du corps de logis. La présence du monogramme C.M. vient confirmer cette datation.
1604 Christophe Hector de Marle vend son hôtel à Jean de Maitz, receveur général des Finances, moyennant 1312 livres 10 sols de rente. Mais ce dernier ne l’habite pas.
1609 Jean de Maitz revend l’hôtel pour la somme de 18 000 livres à Charles Duret de Chevry, contrôleur général des Finances et proche du duc de Sully, le ministre de Henri IV.
1636 Son fils Charles II Duret de Chevry, président de la Cour des Comptes, hérite de l’hôtel. Il y habite peu mais, grand dépensier, il est sans doute à l’origine d’aménagements. Les deux ailes de la cour sont coiffées d’un comble droit ; les plafonds sont refaits, les peintures des solives et les phylactères, dont on voit encore quelques exemplaires sur les poutres au rez-de-chaussée, sont semblables à d’autres monuments de cette époque. En 1694, le petit escalier de l’aile nord est complètement refait, ainsi que les deux perrons dans la cour.
1700 Mort de Charles II Duret de Chevry, âgé de 85 ans. Sa petite-fille reçoit l’hôtel en dot lors de son mariage avec Antoine de Trémoille, duc de Noirmoutiers. L’hôtel subit ensuite de nombreux changements de propriétaires qui en font un immeuble de rapport avec des locataires multiples.
1755 La détentrice en est Yolande-Gabrielle de Polastron qui, par mariage en 1769, devient duchesse de Polignac. Elle sera à la cour l’amie intime de la reine Marie-Antoinette.
1774 Alexandre d´Argouges achète l’hôtel de Marle pour 52 000 livres. Ancien lieutenant civil et conseiller d’Etat, il habite l’hôtel de Châtillon voisin : l’achat de l’hôtel est donc d’ordre purement spéculatif. Il entreprend néanmoins à l’hôtel de Marle des travaux aussi considérables qu’indispensables de maçonnerie, de charpente, de menuiserie, vraisemblablement pour faciliter les locations. De cette rénovation date la grande porte d’entrée et, sans doute, la belle rampe en fer forgé du grand escalier. Le recouvrement des peintures des poutres et solives avec de la peinture blanche date peut-être de cette nouvelle campagne de travaux.
1816 Après la mort de la veuve d´Argouges, l’hôtel passe de mains en mains. Il est d’abord vendu pour la somme de 24 000 francs à Charles Bourdon, qui en fait un établissement d’enseignement spécialisé dans la préparation aux grandes écoles, plus particulièrement l’Ecole Navale.
1856 L’hôtel de Marle devient la propriété de la famille Passemard.
1965 L’hôtel, alors dans un grand état de délabrement, est acheté par l’Etat suédois à l’initiative de Gunnar W. Lundberg, historien d’art, conseiller culturel auprès de l’ambassade de Suède à Paris et fondateur des collections de l’Institut Tessin. Le bâtiment est destiné à abriter ces collections et à accueillir les bureaux de l’Institut suédois auparavant situés avenue des Champs Elysées. Les importants travaux de restauration entrepris de concert avec les Monuments Historiques, confiés aux architectes Claude Charpentier, René Duval et Yves de Tonquedec, sont terminés en 1970.
1971 Ouverture au public de l’Institut suédois / Centre culturel suédois.
1993 Importants travaux dans la salle polyvalente du rez-de-chaussée.
2003-2006 Le Café suédois s’installe en 2003 dans l’aile ouest de l’hôtel, côté cour, se servant de cette dernière comme terrasse. Travaux dans le hall d´accueil, au pied du grand escalier du corps de logis. Transfert du fonds de la bibliothèque de l’Institut Tessin à la Bibliothèque Nordique de Paris, dans le but de rassembler les ouvrages sur la culture suédoise en un seul lieu. Les bureaux administratifs sont transférés vers l’ancienne bibliothèque, au premier étage du bâtiment principal. L’espace ainsi dégagé au-dessus du Café suédois est transformé en une salle supplémentaire servant aux cours de suédois.