« La maman du meurtrier » de Ida Linde présenté par Laurent DENIMAL

Ida Linde, née en 1980, a grandi à Umeå, dans le nord de la Suède. Elle a publié trois romans dont le dernier en date est La maman du meurtrier.
Pour son second roman, Norrut åker man för att dö (2014, Norstedts), elle a reçu le prix du journal Aftonbladet et celui de la Société des écrivains du Norrland. Elle a également publié un recueil de nouvelles ainsi que quatre recueils de poésie.
Traduite en russe, polonais, islandais et norvégien, elle est elle-même traductrice et responsable pédagogique à l’école d’écriture littéraire de Biskops-Arnö.
Ida Linde n’a jamais été traduite en français.

Auteur : Ida Linde
Titre suédois : Mördarens mamma
Nombre de pages : 156
Année de publication : 2018
Éditeur : Norstedts förlag
Agent : www.norstedtsagency.se
Présenté par  Laurent Denimal, mail@laurentdenimal.se

L’histoire

Henrietta vit seule avec son garçon dans un petit appartement situé dans un grand ensemble d’une banlieue triste. Sa solitude n’est rompue que par les rares visites d’un camarade de son fils et par quelques liens qu’elle noue sur son lieu de travail. Une ambiance étouffante imprègne le quotidien de la petite famille, aggravée par les cauchemars qui agitent le garçon. Les interrogations de la mère sur leur existence s’intensifient.

Un jour, Henrietta découvre la mystérieuse disparition d’un couteau de cuisine. Un autre jour, un dessin réalisé par le camarade de son fils la rend perplexe. Ces faits annoncent un drame : le meurtre perpétré par cet enfant.

Au cours de ses visites à la prison, Henrietta fera la connaissance de Grace, la mère d’un autre jeune incarcéré, Brian, et nouera avec elle une relation amoureuse. Mais la découverte du couteau disparu dans la maison de Grace va ramener Henrietta à la brutale réalité. Que lui cache Grace ? Pourquoi, lors de ses visites à la prison, évite-t-elle de rencontrer son propre fils et demande à Henrietta de le faire à sa place ? C’est que les deux femmes portent chacune un terrible secret. La première, Grace, serait la meurtrière de son autre fils, le petit frère de Brian, ce dernier ayant endossé le crime en lieu et place de sa mère. Le mystérieux couteau aurait servi à l’homicide. Et la seconde, Henrietta, s’avère être une voleuse d’enfants, son garçon n’étant pas son fils. Par contre, il était le camarade du petit frère assassiné de Brian.

La confrontation entre les deux femmes s’intensifie au rythme des discussions avec les garçons incarcérés qui leur dévoilent progressivement une partie du mystère. Mais comment distinguer la vérité du mensonge ? Et ne cherchent-elles pas d’abord à se sauver elles-mêmes en jouant sur les sentiments l’une de l’autre ?

Analyse

La maman du meurtrier est avant tout une sorte d’étude psychologique. Car même si elle emprunte au genre du roman noir certains procédés narratifs, il ne s’agit pas de résoudre une énigme policière. Le meurtre en lui-même, s’il marque bien le point de bascule du récit, demeure un prétexte pour exposer la façon dont deux familles monoparentales, issues de milieux sociaux radicalement opposés, font face à la tragédie, et décrire les conflits relationnels qui s’en suivent.

L’analyse psychologique des protagonistes porte d’abord sur le couple que forme Henrietta et son fils, puis sur celui composé des deux mères. Des problématiques relationnelles se mêlent : malgré l’amour, certes authentique, les non-dits, les sous-entendus et la jalousie engendrent des conflits et des comportements destructeurs. Ainsi, par un jeu de miroirs, Henrietta et Grace se renvoient les échecs de leurs existences solitaires et leurs mensonges, mais elles arrivent à se maintenir à flot grâce au fil ténu de leur amour.

Avec La maman du meurtrier, Ida Linde signe un roman poignant, qui introduit le lecteur dans les arcanes mystérieux, où les personnages, liés par un tragique enchaînement de circonstances, tentent de trouver une façon de faire face à leur destin.