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NOUVEAUTÉ « En tram avec Mr. Hume » par Horace Engdahl présenté par Elena BALZAMO

Après trois titres parus en français entre 2014 et 2016 aux Editions Serge Safran, les nouveaux ouvrages d’Horace Engdahl (né en 1948), un esprit parmi les plus originaux, historien de la littérature, critique et essayiste, attendent toujours d’être traduits. Il s’agit de De obekymrade (Les insouciants, 2019), d’Op. 101 (2021), déjà présentés sur le site, auxquels s’ajoute désormais Spårvagnsresor med Mr. Hume (En tram avec Mr. Hume).

Auteur : Horace Engdahl
Titre suédois : Spårvagnsresor med Mr. Hume
Nombre de pages : 192
Année de publication : 2023
Editeur : Albert Bonniers förlag
Contact : Maria Montner, maria.montner@bonnierrights.se
Presenté par : Elena Balzamo, elena.balzamo@free.fr

Eh oui, les temps ont changé et les nouveaux « promeneurs solitaires » utilisent volontiers les transports en commun – d’ailleurs, la plus grande solitude n’est-ce pas celle qu’on ressent au milieu de la foule ?
Les conversations imaginaires avec David Hume (1711-1776), ce sceptique, adepte de l’empirisme, adversaire de la vision théologico-métaphysique de l’esprit humain, forment un récit-cadre, au sein duquel s’agencent de brefs essais sur des thèmes apparemment disparates, mais qui sont liés au questionnement principal : quelles sont les bases de notre éthique – et, par conséquent, de nos actions ? Ce sont des morceaux assez autonomes qui n’ont pas la forme dialoguée du récit-cadre, même s’il s’agit de dialogues au sens large : entre notre époque et les temps passés.
Parmi les chapitres qui composent ce petit volume, il y a « Le rêve de la décence de l’homme », « La paranoïa est le chemin le plus court vers la vérité », « Du luxe » ou encore « Les chiens » où l’auteur nous invite à réfléchir sur la fonction des animaux dans la peinture, qui éclaire d’une façon inattendue ce qu’on entend d’habitude par « l’humain ». Maître du paradoxe, Engdahl a le don de transformer les évidences en énigmes.
Un des chapitres porte le titre « Le Paris de Creutz », ce qui n’étonne guère, car l’auteur, francophile et francophone, est un grand connaisseur du 18e siècle français. L’essai en question est consacré à la culture des salons, qui florissaient à l’époque, et au rôle de la conversation dans la formation et l’affinement de l’esprit humain. Esprit encyclopédique, Engdahl se sent chez lui dans tous les domaines : si dans son Op. 101, il était surtout question de la musique, le nouveau volume réserve une part belle à la peinture, au même titre qu’à la littérature et à la philosophie.
L’intérêt d’une publication d’En tram avec Mr. Hume en France – même si le tram en question roule dans les rues de Göteborg – me semble évident dans la mesure où il présente (comme d’ailleurs l’ensemble des écrits de l’auteur) un parfait équilibre entre le national (= suédois) et l’universel. Rares sont les écrivains qui y réussissent aussi bien.