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« Le rat sur la tête et autres racontars » de Jan Henrik Swahn présenté par Laurent DENIMAL

Jan Henrik Swahn, né en 1959, a grandi à Malmö et Copenhague. Il a publié douze romans depuis 1986 chez Albert Bonniers förlag et 00-Tal Bok. Il a reçu en 1997 le prix littéraire décerné par la Tjänstemännens Centralorganisation pour Pengarna (1996), puis en 2001 le prix littéraire de Göteborgs-Posten. Il a été rédacteur en chef de la revue Bonniers Litterära Magasin entre 1997 et 1999. Parallèlement à son travail d’écrivain, il poursuit divers travaux de traduction du polonais, du grec, du français, du danois et de l’arabe. En 2017, il a reçu le premier prix international de Kulturhuset Stadsteatern (Stockholm) pour la traduction de l’œuvre d’Olga Tokarczuk, prix Nobel de littérature 2018.
Jan Henrik Swahn est traduit en grec, en hébreu, en polonais et en russe. La revue du Serpent à Plumes a publié dans son numéro d’octobre 2018 une nouvelle de lui.

Auteur : Jan Henrik Swahn
Titre suédois : Råttan i huvudet och andra historier
Nombre de pages : 185
Année de publication : 2021
Editeur : Spargo förlag
Présenté par : Laurent Denimal, mail@laurentdenimal.se

Jan Henrik Swahn passe en revue une multitude d’événements de son quotidien, instants vécus et observés, entre la Grèce où il réside une partie de l’année, et dans une moindre mesure la Suède. La femme du narrateur bute sur sa voisine de palier, à l’instant où elle s’apprête à descendre les poubelles. Coincée là par une femme exubérante, son mari se retrouve à descendre le sac et une fois dans la rue décide de faire une rapide course chez l’encadreur. Mais un rat mort tombe juste devant lui et s’écrase sur l’asphalte.
Nous démarrons ainsi notre voyage à travers la soixantaine de nouvelles et histoires courtes de Jan Henrik Swahn par un instantané de la vie à Athènes. Elles vont s’enchaîner à un rythme constant, toutes peignant des petits instants de la vie quotidienne. On rencontre une multitude de personnages de tous âges et de toutes conditions ; des gens du village où l’auteur réside, des voisins, des anonymes, des passants, ou encore des membres de sa famille.
Ainsi Tahnos, le maçon du village, et ses désillusions conjugales, ou encore Klocker, retraité du bâtiment, traversant les vicissitudes des vieux jours avec stoïcisme entre le manque d’argent et les soucis administratifs.
On découvre aussi des lieux pittoresques ; les îles et leurs petits villages accrochés sur les collines, les oliveraies plombées par la chaleur, les tavernes animées, ou encore au cours d’un pèlerinage ce couvent orthodoxe que rejoint l’auteur à pied en compagnie de son ami Dimdim, et de moines grecs, serbes et russes, aux allures patibulaires.
L’auteur nous dresse aussi un tableau de la Suède à travers divers événements ; la conférence dans une bibliothèque d’une petite ville de province où seules quatre employées répondent présentes, ou encore l’énergie déployée par toute la famille pour remettre en état le mât pour drapeau et son pommeau, emblème de la maison de famille.

Le volume est partagé en deux parties, avec 43 nouvelles et 21 histoires courtes. Sans liens les unes avec les autres, on retrouve cependant certains personnages ou lieux d’une nouvelle à l’autre.
L’auteur est le narrateur, et décrit avec jubilation le monde grec qui l’entoure, l’île, le village et les collines, et tous les acteurs locaux qui gravitent autour. Il se place lui-même dans des situations où le sérieux le dispute au comique. Il n’a pas son pareil pour décrire les petites combines des uns, les magouilles des autres, les ragots et les arrangements entre voisins, toujours monnayables.
L’auteur nous conte avec humour ses maladresses et étourderies dans son pays adoptif, aux us et coutumes aux antipodes de celles en vigueur dans son pays natal, n’hésitant pas à rire de lui-même et des situations cocasses qu’il rencontre parfois. Les récits de la Suède viennent se placer en miroir des excentricités méditerranéennes et ramènent le lecteur aux origines familiales de l’auteur.
Les histoires courtes de la seconde partie, de l’ordre d’une page, ont un caractère plus poétique et une portée plus philosophique.
Les courts récits de Jan Henrik Swahn ne sont pas sans nous rappeler les racontars groenlandais du danois Jørn Riel, transposés ici dans la moiteur du bassin méditerranéen. Ils mettent le lecteur de bonne humeur, plaçant en perspective deux styles de vie, scandinave et méditerranéen.