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« L’histoire de Mademoiselle Oiseau » par Andrea de la Barre de Nanteuil et Lovisa Burfitt présenté par Rachel ERDMANN

Voici une proposition à priori inattendue, venant de Suède : un titre à moitié en français, une autrice dont le patronyme nous rapproche plus de Paris que de Stockholm… et l’on découvre sans tarder que l’histoire elle-même se déroule à Paris, où habite et travaille, dans l’univers de la mode, l’autrice depuis plusieurs années…
Voilà donc le plus français des livres suédois pour la jeunesse. Une sorte de roman – grand format – illustré (avec beaucoup de personnalité, à l’encre et à l’aquarelle, par Lovisa Burfitt, qui, elle, vit à Aix-en-Provence), ou de très long album : les illustrations occupent généralement une page sur deux, mais il arrive qu’elles s’immiscent dans le texte, ou occupent une double page complète. Parfois, c’est le texte qui prend l’avantage, mais à chaque double page, on retrouve les dessins enlevés de Lovisa Burfitt. « L’histoire de Mademoiselle Oiseau » se savoure à tout âge : l’autrice confesse dans une interview qu’elle reçoit des lettres de lecteurs de 5 à 100 ans ! Ce titre est le premier d’une série de quatre, publiés en 2015, 2017 et 2022 pour le dernier. Le premier opus, auréolé de prix, a déjà été traduit dans de nombreuses langues.

Autrice : Andrea de la Barre de Nanteuil
Illustrations : Lovisa Burfitt
Titre suédois : Boken om Mademoiselle Oiseau
Nombre de pages : 140
Année de publication : 2014
Éditeur : Rabén & Sjögren
Contact : Linda Andersson, Salomonsson agency, linda@salomonssonagency.com
Présenté par : Rachel Erdmann, erdmann.rachel@wanadoo.fr

Qui est donc cette mystérieuse Mademoiselle Oiseau ? Un personnage fantasque, qui semble tout droit sorti des années folles. Elle habite entourée de chats et d’oiseaux dans un immense appartement au dernier étage d’un immeuble parisien typique. Élégant clin d’œil, cet immeuble se trouve « avenue des Temps perdus »… et parfois, au bout d’une longue vue, apparait un ami, prénommé Marcel, absorbé dans l’écriture, à la terrasse d’un café…

Mademoiselle Oiseau vit hors du temps, ne sort quasiment jamais de son appartement qui cache de multiples pièces secrètes, et envoie un de ses chats, Señorita Chachacha, faire les courses. Elle semble avoir une sœur, Luisa, qui réside à Venise, et qui apparaît parfois comme par magie. Mademoiselle Oiseau n’a pas d’âge et vit exactement comme elle le désire. Sans contraintes ni entraves. Paris est son écrin, mais c’est un Paris de conte de fées ou de magazine de mode : une ville magique et irréelle.

Au 5ème étage de l’immeuble de l’avenue des Temps perdus habite Isabella Artioli, une enfant de 9 ans, dont la vie d’écolière est très morose. Mal-aimée de ses camarades, elle se sent entourée de grisaille, et n’est soutenue par personne (ses parents sont étrangement absents). Un jour, sa mélancolie la conduit par erreur au 6e étage, où elle est accueillie par Mademoiselle Oiseau, qui semble préparée depuis toujours à sa visite.
Une amitié se noue aussitôt entre la fantasque Mademoiselle Oiseau, perchée sur ses talons et entourée de fanfreluches, et cette enfant qui fait tout pour passer inaperçue.
Les visites répétées d’Isabella lui permettent de découvrir tous les espaces incroyables de l’appartement : la pièce aux mille tiroirs, le grenier au piano, la piscine où l’on flotte au dessus d’une véritable jungle miniature…
Tous les rêves les plus excentriques semblent y avoir pris forme, et Mademoiselle Oiseau y règne en magicienne. Cet espace de liberté redonne confiance à Isabella, dont l’existence reprend peu à peu sens. Elle va de plus vivre toutes sortes d’aventures par l’intermédiaire de sa nouvelle amie.
Elle finira cependant par la voir partir sur un tapis volant, tiré par ses oiseaux, une nuit de canicule.

Cette histoire nous est racontée comme un conte. C’est probablement une des raisons pour lesquelles elle est séduisante pour tous les publics. Des personnages dotés d’étranges pouvoirs, des objets magiques, des animaux au comportement humains… les ingrédients sont bien là, mais il y a aussi une fillette tout à fait ordinaire dans la peau de laquelle tout jeune lecteur peut se glisser.

La langue est émaillée d’expressions ou de mots français, glissés çà et là comme on sèmerait de petits cailloux blancs. Ils pourraient être rendus dans une traduction par des expressions un peu désuètes ou inusitées dans le langage quotidien. Comme une sorte de fantaisie que manifesterait ainsi le personnage. Le narrateur nous dévoile cette histoire insolite dans une langue élégante, qui se cède jamais à la facilité : hors du temps, tout comme le personnage principal. Accessible aux jeunes lecteurs, mais respectueuse des exigences du texte narratif traditionnel. À recommander de 7 à 77 ans !