L’historien Peter Englund a acquis ses lettres de noblesse grâce, notamment, à une série de livres sur la Première guerre mondiale, traduits dans le monde entier. Le reste de son œuvre, non moins passionnante, a été couronné de nombreux prix et lui a valu d’être élu à l’Académie suédoise en 2002 (et d’en être le secrétaire général perpétuel entre 2009 et 2015).
Auteur : Peter Englund
Titre suédois : Söndagsvägen – Berättelsen om ett mord
Nombre de pages : 360
Année de publication : 2020
Éditeur : Natur & Kultur
Contact : Hedlund Agency, magdalena@hedlundagency.se
Presenté par : Jean-Baptiste Bardin, jeanbaptiste.bardin@gmail.com
Si les livres de Peter Englund rencontrent un tel succès, c’est sans doute pour la diversité des sujets qu’ils traitent et l’originalité de leur démarche historique. Le dernier en date, Meurtre rue du Dimanche (2020), ne fait pas exception. Après s’être intéressé aux grandes figures et aux grands événements suédois (la reine Christine, la bataille de Poltava, etc.), l’historien s’empare contre toute attente d’un fait divers : le meurtre d’une jeune fille de 19 ans dans une banlieue résidentielle de Stockholm, en 1965.
Par sa monstruosité hors du commun et son apparente gratuité, ce crime défraya la chronique suédoise et marqua profondément les esprits. Pour Peter Englund, le meurtre de Kickan Granell est bien plus qu’un fait divers, c’est un événement historique, et c’est d’ailleurs ainsi qu’il est traité. L’auteur le présente d’abord avec une froideur presque administrative, dans une écriture sobre et limpide. Très vite, le lecteur comprend que c’est un prétexte pour évoquer les années 1960 et les grandes mutations de la société suédoise : la menace de la guerre froide, la hausse de la criminalité, la libéralisation des mœurs, la perte de repères spirituels dans une société en pleine croissance économique, la fin d’une certaine innocence, en somme.
Le thème n’est pas sans rappeler les romans d’Henning Mankell, la documentation historique en plus. En matière de suspense, le récit de Peter Englund n’a d’ailleurs rien à envier aux aventures du commissaire Wallender. Car ce meurtre, qui continua de faire les gros titres pendant toute une année, demeura longtemps inexplicable pour le célèbre commissaire G.W. Larsson (un personnage que tous les auteurs de romans policiers auraient rêvé d’inventer.) Le lecteur suit avec passion le déroulement de l’enquête, et Peter Englund prend plaisir à jouer avec les codes et les poncifs du genre : transcriptions d’interrogatoires, cliff-hangers et même un journal de l’assassin, dont le caractère réel donne le frisson.
L’œuvre serait déjà passionnante si elle n’était que le récit d’une enquête, replacée dans une perspective historique. Mais Peter Englund ne s’arrête pas là et en fait, au passage, un véritable essai historiographique. À travers des digressions personnelles et subtiles, il pose la question de la mémoire collective et de l’oubli, de l’écriture de la « petite histoire », du rapport de l’historien avec son sujet et des influences réciproques de la fiction et de la réalité.
Peter Englund ne prétend pas avoir la science infuse : il nous donne ici matière à réflexion, tout en nous instruisant sur une époque, et nous livre par la même occasion un roman policier dans les règles de l’art. Et le plus extraordinaire, c’est que l’un ne se fait pas au détriment de l’autre.
Droits vendus :
Danemark (Rosinante)
Finlande (WSOY)
Allemagne (Rowohlt – Berlin Verlag)
Norvège (Cappelen Damm)
Espagne (Penguin Random House Grupo Editorial)
Droits cinématographiques (Anagram)
Principales œuvres de Peter Englund
1988 : Poltava (Poltava Chronique d’un désastre. Éd. Esprit ouvert, 1999)
1996 : Brev från nollpunkten (Lettres du point zéro. Non traduit)
2006 : Silvermasken : en kort biografi över drottning Kristina (Le Masque de fer : une brève biographie de la reine Christine. Non traduit.)
2008 : Stridens skönhet och sorg : första världskriget i 212 korta kapitel (Vingt destins dans la grande guerre. La beauté et la douleur des combats. Denoël, 2011. Point Histoire, 2014)
2014 : Stridens skönhet och sorg, 1914 (La beauté et la douleur des combats, 1914. Non traduit.)
2015 : Stridens skönhet och sorg, 1915 (La beauté et la douleur des combats, 1915. Non traduit.)
2016 : Stridens skönhet och sorg, 1917 (La beauté et la douleur des combats, 1916. Non traduit.)
2017 : Stridens skönhet och sorg, 1917 (La beauté et la douleur des combats, 1917. Non traduit.)
2018 : Stridens skönhet och sorg, 1918 (La beauté et la douleur des combats, 1918. Non traduit.)
2020 : Söndagsvägen, berrättelse om ett mord. (Meurtre rue du dimanche. Non traduit.)
2022 : Onda nätters drömmar, november 1942 och andra världskriget vändpunkt (Les nuit de mauvais rêves. Novembre 1942 ou le tournant de la Seconde Guerre mondiale. Non traduit.)