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« Neige et Or » par Inger Edelfeldt présenté par Françoise SULE

Inger Edelfeldt est une autrice suédoise en tous points singulière. Sa production littéraire est importante, et comprend des romans, des recueils de nouvelles et de poésie, des bandes dessinées, des récits pour la jeunesse et pour le théâtre. Son oeuvre est couronnée de prestigieux prix littéraires suédois, Ivar Lo Johansson personliga pris en 1997 (prix décerné par l’Union des écrivains suédois, l’Académie suédoise et ABF (association nationale de l’éducation populaire), la distinction Hela Stockholm läser en 2016 (prix donné par la ville de Stockholm), et le prix Stina Aronson 2021 Samfundet De Nio (académie  littéraire). Son dernier roman Om snö och guld 2021 a été chaleureusement salué par la critique.
Un recueil de nouvelles Le caméléon extraordinaire a été publié en français. (Actes Sud,1999).

Titre suédois : Om snö och guld
Auteur: Inger Edelfeldt
Nombre de pages : 490
Illustration de couverture : Inger Edelfeldt
Éditeur : Norstedts
Année de parution : 2021
Contact : iedelf@hotmail.com
Présenté par Françoise SULE

Dans son dernier roman Neige et Or Edelfeldt explore avec une subtile sensibilité les douleurs intimes et personnelles de l’enfance et de l’adolescence d’une jeune fille, Miranda, en plaçant le récit dans le contexte des années 70 en Suède.

Neige et Or commence par un retour en arrière. Miranda, la protagoniste, revient à l’âge adulte dans la maison de son enfance, mais comme fantôme. Elle frappe à la porte, sa mère Gerda ouvre. Miranda entre, invisible. Elle erre dans la villa de cette banlieue aisée de Stockholm, dans cette existence qui fut la sienne, une maltraitance psychologique couverte par les normes sociales de l’époque. Pourquoi n’était-elle pas aimée ? Pourquoi se sentait-elle exclue et isolée dans une société de bien-être si agencée ?

Le titre du roman ”Neige et Or” renvoie à un incident tragique arrivé en plein hiver à Miranda adolescente, ”Or” est l’alias qu’elle s’invente.  La création d’images, la capacité à exprimer par le crayon et la couleur des mondes imaginaires qu’elle découvre jouent un rôle essentiel dans l’histoire de Miranda. Le monde imagé et la langue sont à la fois remède et fuite, une façon d’interpréter et d’apprivoiser la rudesse du quotidien. Miranda   arrivera finalement à surmonter les difficultés rencontrées grâce au soutien d’autres adultes et d’amis.

Ce récit rassemble les fils des écrits précédents de Edelfeldt en apportant plus de substance et de profondeur aux thèmes porteurs telles l’appartenance, la construction identitaire, la création artistique comme processus de guérison. L’histoire est racontée dans une écriture fluide, sans détails superflus, qui rappelle Enfance de Nathalie Sarraute. Edelfeldt donne la parole à l’enfant/l’adolescente. Le ” je”, personnage principal, est profondément lié à l’autrice, ce qui contribue à l’ambition du texte de trouver les actions, les pensées et les monologues intérieurs qui amèneront le lecteur à entendre sa voix.

C’est à la fois un troublant récit d’apprentissage et une étude critique sociale.  Edelfeldt a le don de traduire le langage du quotidien dans une prose contrôlée, parfois sombre, mais aussi teintée d’humour et d’autodérision. Avec ce roman l’autrice nous donne l’envers d’une carte postale.