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« Raoul Wallenberg – Une biographie » par Bengt Jangfeldt présenté par Jean-Baptiste BARDIN

Si le nom de Wallenberg est connu de tous les Suédois comme celui de la plus grande famille d’industriels et de banquiers du pays, celui de Raoul Wallenberg l’est peut-être plus encore, y compris en dehors des frontières. Raoul Wallenberg, « l’homme qui sauva des milliers de juifs » (le chiffre est incertain) n’avait pourtant jamais fait l’objet d’une biographie exhaustive. En 2012, à l’occasion du centenaire de sa naissance, Bengt Jangfeldt répare cette injustice pour nous permettre de mieux comprendre la personnalité de Raoul Wallenberg et le contexte de son action.

Titre : Raoul Wallenberg – Une biographie
Auteur : Bengt Jangfeldt
Titre suédois : Raoul Wallenberg – En biografi
Nombre de pages : 559 pages (dont 40 pages de notes et index et une centaine de pages d’iconographie).
Année de publication : 2012
Éditeur : Wahlström & Widstrand
Contact : Bengt Jangfeldt –  jangfeldt@bredband.net
Présenté par : Jean-Baptiste Bardin, jeanbaptiste.bardin@gmail.com

Petit-fils du diplomate Gustaf Wallenberg et neveu de l’homme d’affaire Marcus Wallenberg, Raoul est destiné à régner sur l’empire familial avec ses cousins. Orphelin de père avant sa naissance, son éducation est assurée par son grand-père, qui souhaite que le jeune Raoul parcoure le monde avant de découvrir l’univers des affaires et l’encourage à choisir des études artistiques. À 25 ans, Raoul Wallenberg a donc déjà fini ses études d’architecture aux États-Unis, voyagé beaucoup – et notamment en auto-stop – et fait des stages dans le monde entier.

Durant la guerre, il travaille pour une société de commerce avec l’Europe centrale, dirigée par un homme d’affaire juif hongrois, dont il devient l’homme de confiance. En 1944, les alliés ont vent de la déportation massive des juifs de Hongrie et décident d’envoyer sur place un émissaire issu d’un pays neutre. Une suite de circonstances fera de Raoul Wallenberg cet envoyé. La suite est plus célèbre : Wallenberg délivre aux juifs des sauf-conduits et loue des bâtiments mis sous immunité diplomatique, sauvant ainsi des milliers d’hommes et de femmes de la déportation. Ce faisant, il risque sa vie au quotidien et devient la cible des Croix fléchés, parti nazi alors au pouvoir en Hongrie.

Ironie de l’histoire, c’est l’Armée rouge qui l’arrêtera en 1945, le soupçonnant d’être un espion américain. Les circonstances de sa détention et de sa mort en URSS demeurent en partie mystérieuses et ont donné lieu aux hypothèses les plus fantasques.

Bengt Jangfeldt évite cet écueil, parmi d’autres. Si Wallenberg est unanimement reconnu comme un héros dont la mémoire est honorée dans le monde entier, l’auteur ne tombe jamais dans le piège de l’hagiographie. Il dresse le portrait d’un homme simple, entretenant de bons rapports avec sa famille mais sans cupidité et capable, au besoin, d’affirmer son indépendance. Son éducation, indirectement délivrée par un grand-père diplomate par le biais d’une correspondance suivie (largement reproduite ici), fait de
lui un homme humble, au sens de l’intérêt général développé, pour qui être un Wallenberg induit peutêtre
plus de devoirs que de droits. Bengt Jangfeldt nous montre également comment les circonstances ont
poussé Wallenberg, bon gré mal gré, entre les mains des Américains qui décident de l’envoyer en Hongrie.
Si l’héroïsme de Wallenberg est indiscutable, l’auteur ne succombe pas non plus à la tentation romanesque
et nous détaille l’action du « héros de Budapest » avec un plaisir d’historien consciencieux. C’est avec ce
même souci qu’il traite les circonstances de sa disparition, se contentant des faits, usant au besoin du
conditionnel. Il explore les différentes pistes, sans se prononcer, et analyse avec précision le contexte de
la recherche de Wallenberg et l’organisation du nouveau jeu diplomatique de l’immédiate après-guerre.

Traducteur du russe et biographe, entre autres, de Maïakovski et de la famille Nobel, Bengt Jangfeldt,
réussit le pari du récit rigoureux et accessible d’une histoire pourtant pleine de zones d’ombres et
largement sujette à caution. Il nous offre la biographie d’un homme érudit et cosmopolite, sage et
analytique, mais peut-être aussi d’un aventurier atypique, sans minimiser l’ampleur de son courage et de
son action.