« Brûlez toutes mes lettres » d’ Alex Schulman présenté par Susanne BURSTEIN

Alex Schulman, né en 1976  est journaliste, chroniquer-  presse écrite et télévision- et auteur. « Bränn alla mina brev » est son troisième roman. Nommé au prix littéraire prestigieux «  August » en  2018.

Dans ce roman, en partie autobiographique, Alex Schulman questionne l’atavisme familial et les non dits, transmis d’une génération à l’autre, à travers trois perspectives temporelles  et trois points de vus.

Auteur : Alex Schulman
Titre suédois : Bränn alla mina brev
Nombre de pages : 275
Année de publication : 2018
Editeur : Bookmark förlag
Agent : Ahlander Agency, info@ahlanderagency.com
Présenté par Susanne Burstein, scenesnordiques@gmail.com
Une traduction d’extrait est disponible sous la présentation !

Après une dispute déchirante, Alex réalise qu’il porte à l’intérieure de lui-même une colère, une noirceur indéfinissable, qui influe très négativement sur toutes ses relations intimes, d’autant avec sa compagne qu’avec ses enfants.

En thérapie, il réalise que la colère fait partie de l’histoire familiale depuis des générations. Il part à la recherche de ses propres démons.

En tirant les fils de l’arbre généalogique, il se retrouve nez à nez avec son grand père, Sven Stolpe, écrivain et historien suédois très populaire à son époque. Linguiste, décoré de la légion d’honneur, passionnée de littérature française, surtout de l’œuvre de  François Mauriac  dont il  a traduit  une partie en suédois.

Ce personnage littéraire, haut en couleur, est  aussi un homme connu publiquement  pour ses colères explosives  légendaires. Alex  entame des recherches dans les archives familiales où se trouve, notamment, la correspondance de ses grands-parents.

L’ensemble des écrits le ramène à l’été 1932 et à ses propres souvenirs d’enfance de l’hiver 1988.

Il est loin de se douter qu’il allait y trouver une facette totalement méconnue de la vie de  ses grands parents ; des évènements qui allaient avoir une influence décisive sur l’histoire familiale pendant deux générations. Dans la correspondance de son grand-père, il découvre que celui-ci a été obsédé, toute sa vie, par un même thème : l’infidélité.

Confus, Alex réalise que la femme dont  parle le grand-père dans ses écrits n’est autre que sa propre grand-mère, Karin Stolpe, traductrice de littérature française et femme de lettres.

Il s’est passé quelque chose cet été charnière de 1932, lorsqu’ils étaient jeunes mariés en début de carrière, pensionnaires à la fondation culturelle de Sigtuna. Il semblerait que Karin Stolpe ait eu une relation avec le jeune poète suédois Olof Lagercrantz.

La rivalité et l’antagonisme entre ces deux auteurs pendant leurs carrières respectives est un fait avéré, bien connu du  public et de milieux littéraires, mais personne ne savait qu’il y avait derrière cette discorde bien autre chose.

Karin et Olof ont  vécu une histoire d’amour qui a bouleversé la vie des trois protagonistes.

Le grand père érudit, craint par l’auteur dans son enfance, se révèle  être aussi un homme névrotique et hypocondriaque, mû, sa vie durant, par la vengeance.

A ses côtés, sa grand-mère, une femme qui, par loyauté envers celui qu’elle a épousé, a sacrifié l’amour de sa vie, enchainée à un mari tyrannique qui ne la laissera jamais partir. Elle est  sa proie ; elle doit payer.

L’auteur part sur les traces de trois personnages ; il découvre un drame triangulaire : trois âmes à la dérive, des existences en souffrance, liées,  jusque dans la pulsion de mort. Un texte qui, de part son sujet, dépasse les frontières et les cultures.

Ce roman est  une réflexion sur comment nos histoires familiales restent inscrites dans notre propre histoire, sur les traces  qu’elles laissent, en sourdine, dans notre inconscient. L’auteur reconstitue  le déroulement de ces évènements fatidiques d’antan en procédant à  un travail de biographe, recoupant les écrits  de son grand père, les  lettres de sa grand-mère, la correspondance entre Olof et Karin et le journal intime de l’amant : Olof Lagercrantz. Il croise les faits relatés avec ses propres souvenirs d’enfance du temps des vacances passés chez ses grands parents et remplit les blancs avec son imaginaire de romancier.

Toutes les sources sur lesquelles s’est basées l’auteur sont véridiques, mais le livre reste une œuvre de fiction. Il  ressemble par moment à un roman policier par sa tension narrative.  Le style, fluide et imagé, nous fait entrer dans la vie de chacun des personnages  et dans la vie du narrateur à différents époques. Une distance critique est gardée à l’égard de son grand père : l’araignée au centre de la toile.

Extrait traduit