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« Une toute autre histoire » de Håkan Nesser présenté par Jean-Baptiste BARDIN

Une conception très littéraire du roman policier et une capacité de renouvellement entre les genres ont permis à H. Nesser d’entretenir depuis 25 ans la fidélité de ses 15 millions de lecteurs. Traduit en neuf langues, En helt annan historia démontre une nouvelle fois son talent pour déjouer les codes du polar et nous offrir une œuvre à la fois haletante et déroutante.

Auteur: Håkan Nesser
Titre suédois: En helt annan historia
Nombre de pages: 587
Année de publication: 2007
Editeur: Albert Bonniers förlag, info@bonnierrights.se
Livre présenté par le traducteur : Jean-Baptiste Bardin, jeanbaptiste.bardin@gmail.com

Une traduction d’extrait est disponible sous la présentation.

 

 

 

Un homme psychologiquement instable passe ses vacances au bord de la mer avec trois couples d’amis, qui ont tous mieux réussi que lui. A la suite d’un accident de bateau, l’homme est poussé à endosser la responsabilité d’un crime qu’il n’a pas commis. Sept ans plus tard, il décide de se venger et d’assassiner ceux qui ont gâché sa vie. L’inspecteur Barbarotti, qui s’apprête à passer ses premières vacances avec la femme de sa vie, est alerté par lettre anonyme et ouvre l’enquête…

Le roman alterne, à parts égales, le journal du tueur, tenu en Bretagne, et le récit de l’enquête, sept ans plus tard. Peu avant la fin du roman, l’inspecteur découvre lui aussi le journal du tueur, et dispose désormais des mêmes armes que le lecteur.

Mais le journal s’avère finalement un faux document, une machination pour faire croire à la culpabilité d’une personne qui n’a en réalité jamais existé. Pour le lecteur, comme pour l’inspecteur Barbarotti l’ensemble devient alors une toute autre histoire.

Les méandres psychologiques du tueur, la montée de ses motifs de haine, la complicité qu’il instaure avec le lecteur seraient presque insoutenables sans les respirations que constituent le récit de l’enquête. Dans une Suède de carte postale, Hâkan Nesser s’amuse avec les stéréotypes de romans policiers. Barbarotti est quadragénaire, divorcé, amoureux. Plein de bonne volonté mais pas taillé pour l’enquête. D’un côté, les imbéciles heureux, jouissant naïvement du monde. De l’autre, un homme victime de sa faiblesse, acculé par un groupe dans une situation criminelle. Entre les deux, le lecteur, obligé de regarder en face la perversion de cette société. Dans cette histoire où chacun fait ce qu’il peut et où tout le monde voit ses vacances gâchées, l’auteur cultive l’équivoque.

La lecture simultanée des faits par le personnage principal et par le lecteur cache un projet littéraire plus ambitieux qu’il n’y paraît. Dans cette astucieuse mise en abyme que nous propose H. Nesser, le lecteur comme le héros se demande s’il doit croire tout ce qu’il lit. La fiction nous aiderait-elle à mieux comprendre, un instant, notre société, quitte à finalement repartir en vacances en amoureux et n’y plus penser ?

Bibliographie des titres traduits en français de Håkan Nesser

Parmi la trentaine de romans et recueils de nouvelles publiés par H. Nesser, sept seulement ont été traduits en français.

Le Vingt et unième cas, traduit par Åsa Roussel, Presses universitaires de Caen, 1997.
Retour à la grande ombre, traduit par Agneta Ségol et Pascale Brick-Aïda, Seuil, 2005.
Le mur du silence, traduit par Agneta Ségol et Marianne Ségol-Samoy , Seuil 2007.
Funestes carambolages, traduit par Agneta Ségol et Marianne Ségol-Samoy , Seuil, 2008.
Eva Moreno, traduit par Agneta Ségol et Marianne Ségol-Samoy, Seuil, 2011.
Homme sans chien, traduit par Esther Sermage, Seuil, 2013.
Un été avec Kim Novak, traduit par Agneta Ségol et Ségol-Samoy, Seuil 2014.

H. Nesser a remporté trois fois le prix du meilleur roman policier suédois. Aucun de ces trois romans n’a été traduit en français.

Extrait traduit